Crise du réemploi textile : pourquoi notre modèle est en danger

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Nous répondons à vos questions !

Que faire de mes vêtements abîmés ?

Si vos vêtements sont abîmés et que vous souhaitez les déposer dans une bulle, référez-vous à ce qui est inscrit dessus avant de sauter le pas.

Pour rappel : nous acceptons DANS UN SAC FERMÉ :

  • Les vêtements propres
  • La maroquinerie
  • Les chaussures PAR PAIRE ET LIÉES ENTRE ELLES
  • La lingerie et du linge de maison.

Ce que nous n’acceptons pas dans la bulle :

  • Les vêtements déchirés, sales ou mouillés
  • Les chiffons
  • Les chaussures dépareillées
  • Les bottes en plastique
  • Les coussins & édredons
  • Les déchets de couture
  • Tout autre déchet.

En résumé, si votre vêtement est déchiré, sale ou mouillé, ne le mettez pas dans la bulle. Nous acceptons uniquement les vêtements légèrement abîmés (exemple : petit trou).

Pour rappel : nous collectons vos DONS et ils doivent être en bon état pour que nous puissions les réutiliser.

Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas un don mais un déchet… Et les déchets ne vont pas dans nos bulles !

Vous voulez voir l’envers du décor et mieux comprendre comment Terre fonctionne durant la crise ? Inscrivez-vous sur notre site à une visite gratuite de nos centres de tri d’Herstal et/ou de Couillet 

Que deviennent les textiles abîmés collectés ?

En temps normal, les textiles abîmés collectés qui ne sont ni déchirés, mouillés ou sales sont divisés par type de matière et ensuite recyclés chez nos partenaires. Comme nous sommes dans une période de crise tant la quantité de vêtements collectés est importante*, nos partenaires recycleurs ne sont plus en mesure de reprendre ce volume.

* le citoyen est passé de 14kg de vêtements consommés à 19 en quelques années !

Nous voulons absolument éviter l’incinération, ces vêtements restent donc stockés à notre dépôt en attente d’une solution… Et nos dépôts débordent 🙁

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Pourquoi les bulles débordent ?

Plusieurs facteurs expliquent que nos bulles débordent :

  • On retrouve de plus en plus de déchets textiles dans nos bulles : avec la directive du 1er janvier 2025 sur l’obligation de collecte sélective des textiles, nous nous retrouvons à collecter des textiles qu’on ne pourra pas revaloriser.

  • La surconsommation : ces dernières années, on est passé de 14kg à 19kg de vêtements par personne. Cette hausse de consommation notamment due à la fast fashion, se retrouve également dans nos bulles et on ne peut pas absorber une telle quantité.

  • Les déchets hors textile : dans nos bulles, nous trouvons du textile mais pas que… D’autres types de déchets ménagers s’y trouvent aussi et nous sommes obligés de les collecter, les trier et les éliminer !

Toutes ces raisons font que nos bulles se remplissent de choses qu’on ne peut pas revaloriser, pire : on doit débourser pour s’en débarrasser !

Nos bulles sont là pour collecter vos dons textiles de qualité, ce n’est pas une poubelle à déchets !

 

Pourquoi ne collectez-vous pas plus ?

Petit point sur nos collectes :

Premièrement, la collecte de vos sacs de vêtements est GRATUITE. En effet, ce service de collecte, vous ne le payez pas contrairement aux autres !

Deuxièmement, la collecte textile, c’est 25 véhicules qui roulent tous les jours avec 50 collecteurs.

Toutes les bulles sont vidées au moins une fois par semaine, certaines le sont plusieurs fois sur la semaine !

Notre fréquence de collecte n’a pas diminué, c’est celle du dépôt de vêtements qui a augmenté !

Si on ne collecte pas davantage, c’est pour deux raisons :

  • Nous n’avons pas l’espace pour stocker plus de vêtements : le problème n’est pas l’entrée de textile mais bien la sortie qui est, pour le moment, compliquée voire impossible. Ce surplus en attente d’évacuation est donc présent chez nous et occupe notre stock.
  • Nous n’avons pas les moyens financiers et humains pour collecter plus avec la crise que nous traversons : nous avons déjà des équipes de tri supplémentaires le samedi et en soirée.

Pour ces raisons et en attendant la mise en place de la Responsabilité Élargie des Producteurs pour nous aider à couvrir les coûts (prévue au mieux pour 2028), nous sommes obligés de maintenir la fréquence de collectes telle quelle pour le moment.

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Pourquoi retirez-vous des bulles ?

Nous retirons ou déplaçons des bulles à cause de dépôts sauvages.

La mission de nos collecteurs n’est pas de reprendre des matelas, des sacs éventrés avec des vêtements abîmés donc non-réutilisables ou encore toute autre sorte de déchet.

Rappelons également que les communes doivent faire face à ce manque de propreté sur leur territoire.

Dès lors, pour les bulles où on constate des dérives : celles-ci sont soit retirées, soit simplement déplacées dans un lieu moins propice aux dépôts sauvages.

Trouvez une bulle à vêtements près de chez vous.

 

Puis-je venir déposer mes sacs directement chez Terre ?

Il est possible de venir déposer vos sacs de vêtements de qualité dans les bulles se situant DEVANT les centres de tri de Herstal et Couillet. Cependant, il n’est pas possible de rentrer directement dans le centre, pour des raisons évidentes de sécurité !

Sachez que ces bulles sont vidées quotidiennement.

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Pourquoi ne pas faire appel à du bénévolat ?

Ce n’est pas envisageable car nous n’avons pas les infrastructures pour accueillir et encadrer le bénévolat.

Découvrez l’envers du décor pour comprendre pourquoi il serait impossible de faire du bénévolat chez Terre ASBL. Inscrivez-vous sur notre site à une visite gratuite de nos centres de tri d’Herstal et/ou de Couillet.

 

Que puis-je faire en tant que citoyen pour aider ?
  • Mettez dans la bulle uniquement ce qu’on peut collecter (voir autocollant sur la bulle) ;
  • Ne déposez rien à côté d’une bulle pleine ;
  • Si une bulle est pleine, patientez et gardez vos vêtements jusqu’à ce qu’elle soit vidée ;
  • Plus largement, venez acheter dans nos boutiques de seconde main : vous aiderez à désengorger le centre de tri, à réduire la surconsommation et vous soutiendrez notre action !

Vous voulez voir l’envers du décor et mieux comprendre comment Terre fonctionne durant la crise ? Inscrivez-vous sur notre site à une visite gratuite de nos centres de tri d’Herstal et/ou de Couillet.

 

Que mettez-vous en place pour sortir de la crise ?

Plusieurs choses ont été mise en place pour faire face à cette crise :

  • Nous collaborons étroitement avec les communes pour améliorer nos collectes ;
  • Nous avons déployé des équipes de tri supplémentaires le soir et les samedis.

Les demandes qui ont été faites aux politiques et pour lesquelles, nous attendons :

  • Mise à disposition d’entrepôts pour agrandir notre capacité de stockage ;
  • Aide à l’incinération des déchets non-textiles ;
  • Avance de financement sur la REP (Responsabilité Élargie des Producteurs) ;
  • Mise en place de la REP qui n’arrivera qu’à partir de 2028 au mieux !

Cette situation n’est pas propre à Terre asbl mais touche malheureusement tous les acteurs similaires en Europe, dont plusieurs ont déjà fait faillite 🙁

Si ce n’est pas ce que vous désirez pour Terre, que vous voulez continuer à faire don de vos vêtements de qualité, vous rendre dans nos boutiques et enfin, permettre à des personnes de se réinsérer socio-professionnellement, soutenez nos actions !

 

Le secteur du réemploi textile traverse une crise profonde

Terre asbl, Les Petits Riens et Oxfam tirent la sonnette d’alarme : c’est tout un modèle d’économie sociale, local et circulaire, qui risque de s’effondrer si rien ne change.

Chez Terre asbl, nous collectons, trions, réutilisons et vendons des textiles depuis plus de 75 ans. Ce que nous défendons, c’est bien plus qu’un vêtement : c’est un emploi local, un accompagnement socioprofessionnel, une économie qui prend soin de l’humain et de l’environnement.

1. Un modèle social et environnemental sous haute tension

Depuis fin 2022, la situation s’est fortement dégradée. Les recettes liées à la vente de vêtements de seconde main ont chuté, tandis que les coûts explosent : énergie, transport, personnel qualifié, infrastructures, élimination des déchets…

Les structures sociales de réemploi comme la nôtre peinent à maintenir leur activité à flot.

Déchets de l'industrie de la mode éphémère, montagnes de vêtements usagés, culture du recyclage, écologie

2. La fast fashion : du vêtement jetable à la poubelle textile

Autre facteur aggravant : la montée en puissance de la fast fashion. Ce modèle économique basé sur une production massive de vêtements à bas coût pousse à la surconsommation.

Résultat : des vêtements portés quelques fois, puis jetés ou donnés. Or, ces pièces de mauvaise qualité sont difficilement valorisables en seconde main. Elles inondent nos bulles, mais n’ont aucune valeur sur le marché.

3. L’arrivée de la collecte sélective : une bonne intention, un lourd fardeau

Depuis le 1er janvier 2025, la collecte sélective des textiles est devenue obligatoire en Belgique. Cette directive européenne vise à améliorer la gestion des déchets et à augmenter la part de textiles réutilisés ou recyclés. Sur le principe, c’est une avancée écologique majeure.

Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe. La mise en œuvre de cette obligation implique une logistique plus lourde pour continuer à maintenir un service optimal : bulles à vider beaucoup plus fréquemment, plus de chauffeurs, plus de camions, tri plus long…

 « On est passé du statut de structure qui collectait des dons de vêtements à celui d’opérateur de collecte de déchets », résume Franck Kerckhof – Fédération Ressources.

Nos centres de tri sont à bout de souffle. Une directive ambitieuse, mais sans financement adéquat, devient vite un fardeau. Les coûts s’envolent, les recettes ne suivent pas. Ce déséquilibre fragilise l’ensemble de la filière du réemploi textile.

Notre appel urgent :
un plan d’action pour sauver le secteur

Pour résoudre cette crise sans précédent, nous, acteurs du réemploi, proposons un plan d’action clair :

  1. Prioriser le réemploi local : s’aligner sur le principe de proximité et la hiérarchie des déchets ;
  2. Responsabiliser les producteurs : leurs contributions financières aux systèmes de REP doivent couvrir adéquatement les coûts de collecte, de tri et de préparation en vue du réemploi, du recyclage ou de l’incinération ;
  3. Un financement transitoire immédiat : « Il est aujourd’hui impératif que les Régions mettent en œuvre urgemment un financement transitoire pour la filière des textiles usagés. C’est vital pour les entreprises à but social tel que Terre asbl, Les Petits Riens et Oxfam Belgique et leurs travailleurs et travailleuses. C’est aussi dans l’intérêt de nos partenaires historiques, les communes et la population. Si nous n’avons pas le monopole du cœur, nous ne sommes pas non plus les kleenex des producteurs-pollueurs« , mentionne François Malaise, Président du groupe Terre.

Un mécanisme de financement provisoire est nécessaire pour soutenir le secteur jusqu’à ce que les systèmes de REP soient opérationnels. La seule solution pour sauver le réemploi des textiles est la mise en place de financements régionaux transitoires pour les entreprises sociales et circulaires dès 2025, avec effet rétroactif. Le secteur demande un financement de 206€ par tonne collectée.

  • Ce n’est pas un simple creux passager, nous avons besoin de l’aide des Régions.

Comme le souligne François Malaise, Président du groupe Terre : « Nous ne pouvons à la fois nous battre contre les oligarques de la fast-fashion qui nous inondent en toute impunité de vêtements neufs mais dégueulasses ; maintenir une position concurrentielle sur nos marchés dérégulés par les crises mondiales ; ou encore subir une directive européenne vertueuse mais dénuée de moyens pour l’exécuter. »

Votre rôle est essentiel

Alors, que faire en tant que citoyen ? La réponse est simple : continuer à agir, mais avec conscience.

  • Donnez mieux : des vêtements propres, en bon état, réutilisables.
  • Ne déposez pas vos dons à côté de la bulle lorsque celle-ci est pleine.
  • Achetez en seconde main, dans nos boutiques. Chaque achat est un soutien direct à notre modèle.
  • Soutenez activement les acteurs du réemploi : parlez-en autour de vous, partagez l’information pour faire connaître la réalité du secteur et peser dans le débat public. Votre voix compte !

Un avenir à préserver

Le secteur du réemploi textile, ce ne sont pas que des vêtements : ce sont des emplois d’insertion, des projets solidaires, des gestes concrets pour la planète. Il est encore temps d’agir pour préserver ce modèle.

Mais le temps presse. Si rien ne bouge, certaines structures n’auront plus les moyens de continuer. Ensemble, faisons du bruit pour que ce modèle ne soit pas sacrifié.

UPDATE 17/07/2025

La Wallonie se mobilise pour le secteur du réemploi textile

Sous l’impulsion du Ministre Yves Coppieters, le gouvernement wallon a adopté jeudi 17 juillet un ensemble de mesures pour soutenir la filière de la collecte et du tri des textiles, en grande difficulté depuis plusieurs mois.

Face à cette situation critique, la Commission européenne a reconnu l’ampleur du problème et appelle les États membres à mettre en place des mécanismes de soutien concrets. Pour ce faire, plusieurs axes de travail liés au textile ont été décidés en gouvernement wallon dans une stratégie globale de soutien au secteur. En effet, si ce dernier ne peut plus prendre en charge la collecte des textiles usagés, les intercommunales de gestion des déchets devraient prendre le relais – un coût estimé à 7.200.000 €.

Les mesures prises par le Gouvernement wallon :

  • Une subvention exceptionnelle de 250 000 euros pour renforcer les capacités de stockage face à l’augmentation de textiles usagés durant un an, à destination de l’ASBL Terre ;
  • Une compensation annuelle de 151 euros par tonne triée, en complément du soutien existant de 400 euros à la tonne réemployée ;
  • L’exonération de la taxe sur l’incinération des déchets textiles ultimes issus de la collecte sélective opérée par les entreprises de l’économie sociale actives dans la seconde main ;
  • La mise en œuvre progressive d’un régime de Responsabilité Élargie du Producteur (REP) textile, attendu courant 2028 ;
  • Une campagne de communication pour encourager les bons gestes de tri, ce qui limitera la présence de textiles souillés non valorisables dans la collecte.

Il est maintenant URGENT d’accélérer la mise en place de ces différentes aides et d’une Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) qui soit à la fois fonctionnelle et proportionnée aux coûts réels de la collecte et du traitement des textiles.